Mesure 360° : l’insertion vue par les acteurs qui la vivent au quotidien
Dylan Racioppi et son apprenti Lucien Richard, Emma Calvo et Delphine Pernet-Pittet
Pour clore en beauté notre grand angle sur la mesure 360°, Madame Delphine Pernet-Pittet, psychologue en orientation professionnelle ANDIAMO de l’OAI Vaud, partagera son point de vue au travers du prisme de l’OAI. Ensuite, Monsieur Racioppi, chef de vente chez Pfister, nous exposera sa vision en tant que responsable encadrant un apprenti en provenance de la mesure. Et enfin, Madame Emma Calvo, future apprentie employée de commerce, qui a recherché sa place d’apprentissage avec Connexion-Ressources, partagera son parcours.
Comment se positionne l’OAI Vaud par rapport à l’insertion professionnelle ?
Delphine Pernet-Pittet : L’insertion professionnelle est une priorité pour l’OAI. Nous cherchons d’abord les possibilités de réadaptation et d’insertion professionnelle, avant d’examiner un potentiel droit à la rente. Notre mission est d’aider les bénéficiaires à atteindre une autonomie financière durable, en valorisant leurs compétences existantes, malgré leurs problèmes de santé. En d’autres termes, l’assurance-invalidité vise à réduire le préjudice économique en lien avec l’atteinte à la santé. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les compétences et l’expérience de nos partenaires.
Les entreprises vaudoises sont des partenaires essentielles pour la réinsertion sur le premier marché de l’emploi. Le service Entreprises & Réinsertion de l’OAI Vaud certifie ainsi les entreprises qui s’investissent dans l’aide au placement, les mesures de réinsertion ou de formation. Dernièrement, nous avons aussi créé une ligne téléphonique destinée aux employeurs. Pour celles et ceux qui ne peuvent pas intégrer le premier marché, nous facilitons l’accès à des emplois adaptés dans le second marché, assurant une autre forme d’insertion professionnelle. L’important est que les bénéficiaires puissent vivre de la manière la plus autonome possible.
Pour quelles raisons avez-vous décidé de collaborer avec Connexion-Ressources et qu’appréciez-vous en particulier dans ce partenariat ?
D. Pernet-Pittet : Connexion-Ressources fait partie des prestataires de longue date de l’OAI Vaud. J’apprécie le fait qu’elle offre une prise en charge dans différentes régions du canton, ainsi que la variété des mesures proposées.
Au sein de l’équipe ANDIAMO, j’accompagne des jeunes entre 15 et 25 ans. Ceux-ci vivent parfois des situations complexes (problèmes administratifs, familiaux, très grande fragilité psychologique, voire absence de logement) qui s’ajoutent à leurs problèmes de santé et rendent la réinsertion plus difficile. À ces jeunes, Connexion-Ressources propose, entre autres, la mesure CR 360° qui associe trois aspects : le job coaching, le soutien social et administratif, ainsi que l’axe éducatif. Cette prise en charge très complète crée les conditions adéquates pour permettre à la jeune femme ou au jeune homme de mener à bien sa réinsertion.
Selon vous, quels seront les enjeux principaux des prochaines années dans le domaine de l’insertion ?
D. Pernet-Pittet : A mon sens, la santé mentale et l’accompagnement d’une population toujours plus jeune sont les grands défis des prochaines années. L’OAI Vaud a d’ailleurs lancé une importante campagne de sensibilisation auprès des entreprises sur le thème de la santé mentale (https://sme.aivd.ch). Il sera essentiel de continuer à développer des partenariats avec les entreprises du premier marché de l’emploi pour mettre en valeur le potentiel de toutes les personnes que nous accompagnons.
Avez-vous des attentes spécifiques vis-à-vis de vos partenaires, tels que Connexion-Ressources, pour y faire face ?
D. Pernet-Pittet : Il est fondamental que les partenaires se forment de manière continue sur les atteintes à la santé pour pouvoir accompagner nos bénéficiaires de la manière la plus adéquate possible. Il est aussi important que les prestataires connaissent les exigences et l’évolution du premier marché de l’emploi. L’accompagnement des jeunes est un challenge ; pour créer une alliance qui favorise le processus de réadaptation, il est indispensable de cerner le fonctionnement de cette génération si différente des précédentes. Chaque situation étant unique, les maître-mots pour une collaboration réussie restent : savoir s’adapter et communiquer. L’OAI Vaud place les bénéficiaires au centre de ses préoccupations et de son action ; elle demande à ses partenaires d’en faire de même. Un tel partenariat nous permet d’aller ensemble vers une insertion professionnelle réussie !
Pouvez-vous nous parler des motivations de votre entreprise, Pfister, pour collaborer avec un partenaire de l’insertion professionnelle des jeunes ?
Dylan Racioppi : Tout d’abord, nous croyons fermement en l’importance de soutenir la prochaine génération de talents (génération Z) et de leur offrir des opportunités de développement professionnel. Nos valeurs et notre éthique sont des fondamentaux importants que nous mettons énormément en avant depuis longtemps.
En collaborant avec des initiatives d’insertion professionnelle des jeunes, nous contribuons à renforcer le tissu social en favorisant l’emploi des jeunes et en les aidant à acquérir les compétences nécessaires pour réussir dans le monde du travail. Cela nous permet également de bénéficier de perspectives et d’idées nouvelles, stimulant l’innovation au sein de notre entreprise.
En outre, en investissant dans la formation et dans l’accompagnement de jeunes talents, nous contribuons à construire un avenir meilleur et plus inclusif pour notre société. Nous sommes convaincus que les jeunes méritent une chance équitable de développer leur potentiel et qu’il ne faut pas s’arrêter à un bulletin scolaire ou à un échec passé. C’est pourquoi, nous sommes fiers de soutenir les initiatives d’insertion professionnelle des jeunes.
Quels sont les principaux avantages que votre entreprise retire de cette collaboration, tant sur le plan professionnel que sur le plan social ?
D. Racioppi : Faire partie des entreprises qui collaborent avec Connexion-Ressources est pour moi fondamental ; cela prouve que nous sommes tournés vers l’humain et cela représente très bien nos valeurs.
Concernant l’aspect professionnel nous espérons bénéficier des avantages suivants :
- Le recrutement de talents prometteurs. En effet, en donnant la chance à des jeunes en insertion professionnelle, nous avons accès à un vivier de talents motivés et dynamiques. Leurs visions peuvent apporter un regard neuf et des compétences diverses à notre société.
- Diversité et inclusion, en contribuant à promouvoir la diversité et l’inclusion au sein de notre entreprise.
- Image de marque positive de l’employeur, car en s’engageant, nous renforçons notre réputation en tant qu’employeur socialement responsable, ce qui peut attirer et fidéliser les nouveaux talents.
Sur le plan social, les avantages attendus de cette collaboration sont :
- Un impact positif sur la société. En effet, en contribuant à cette initiative, Pfister participe activement à la lutte contre le chômage des jeunes et à la construction d’une société plus inclusive et équitable.
- Le développement des compétences et de l’employabilité des jeunes. En offrant des opportunités de formation, nous les aidons à acquérir les compétences nécessaires dans le monde du travail et améliorons leur employabilité sur le long terme.
Quels conseils donneriez-vous à un employeur réticent à l’embauche de jeunes en provenance d’une mesure d’insertion comme la mesure 360° de Connexion-Ressources ?
D. Racioppi : Il ne faut pas se fier au premier abord à un bulletin scolaire ou au vécu d’une personne, mais discuter et apprendre à la connaitre, ainsi que ses réelles motivations. Ensuite, il faut s’orienter vers des partenariats et des soutiens externes. Ces collaborations offrent des formations, des conseils et un suivi personnalisé qui permettent de mettre en place un soutien pour le jeune en formation. Cela afin de faciliter l’intégration des jeunes en entreprise.
De plus, il faut mettre en avant les avantages sociaux et économiques. L’embauche peut avoir des retombées positives sur la société dans son ensemble. Comme expliqué précédemment, en favorisant l’inclusion sociale et en contribuant à la lutte contre le chômage des jeunes.
Pour conclure, il est important d’expliquer à l’employeur les avantages et les opportunités que peuvent offrir l’embauche des jeunes en provenance d’une mesure d’insertion. Tout en proposant des solutions avec des soutiens clairs pour accompagner les futur-e-s apprenti-e-s dans leur parcours professionnel.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes inscrits dans la mesure 360° de Connexion-Ressources qui sont en recherche de places d’apprentissages ?
D. Racioppi : Faire preuve de persévérance et montrer sa motivation. La recherche d’une place d’apprentissage est parfois longue et difficile. Il est important de ne pas se décourager face aux éventuels refus. Chaque expérience est bonne à prendre. Il faut également bien se préparer aux entretiens, car cela leur permettra d’arriver confiants et sereins aux entretiens. Je rajouterais également de se renseigner sur l’entreprise et les offres d’apprentissages. Il est facile aujourd’hui d’ouvrir son smartphone et d’avoir accès à ces informations.
Pour terminer, il est essentiel pour ces jeunes de définir des objectifs, de se former et de se faire accompagner par des professionnels en cas de besoin.
Selon vous, qu’est-ce que la mesure 360° Connexion-Ressources vous a apporté ?
Emma Calvo : J’ai apprécié la mesure 360°, car elle est articulée de telle manière que les activités et prestations sont mises en place au cas par cas. L’aide administrative dont j’ai bénéficié m’a été extrêmement utile lors d’une période particulièrement stressante. De plus, la mesure m’a permis de participer à l’activité « Ferme » qui m’a fait énormément de bien. Je suis reconnaissante d’avoir pu participer à la mesure 360°.
Comment se sont déroulées vos recherches d’apprentissage ?
E. Calvo : Mes recherches d’apprentissage ont été compliquées et frustrantes par moment. J’ai pris beaucoup du temps pour savoir vers quel métier me diriger. Néanmoins, l’aide et le cadre que les entretiens de job coaching m’ont offert ont permis d’établir un lien de confiance avec ma job coach. Elle m’a accompagnée et aidée dans mes démarches jusqu’à l’obtention d’une place d’apprentissage et elle continuera de me suivre pendant ma formation.
Qu’avez-vous acquis en mesure 360°qui vous sera utile pour la suite de votre carrière ?
E. Calvo : La mesure 360° m’a rendue moins hésitante à me lancer et m’a aidée à relativiser certaines préoccupations. Les entretiens avec les différents intervenants m’ont apporté des clés et des outils pour améliorer mon quotidien.
Quel conseil donneriez-vous à une personne qui hésite à participer à la mesure ?
E. Calvo : Mon conseil serait sans aucun doute de donner sa chance à cette mesure. Comme je l’ai évoqué précédemment, celle-ci s’adapte au cas par cas et au jour le jour. Les intervenants professionnels que j’ai pu rencontrer sont particulièrement à l’écoute et bienveillants. Je pense vraiment que la mesure 360° m’a donné l’impulsion pour sérieusement m’activer et avancer dans la vie.