Zoom sur la mesure HORIZON
La mesure Horizon est une prestation financée par la DIRIS et proposée par Démarche, Mode d’Emploi et OSEO Vaud depuis décembre 2022. Elle permet à des personnes venant d’Ukraine, dotées d’un permis S et ayant atteint un niveau de français A2 à l’oral, de bénéficier d’un accompagnement individuel, avec pour objectif une insertion sur le marché de l’emploi suisse. Cet accompagnement comprend à la fois des cours intensifs de français et un coaching hebdomadaire individuel. Ce suivi permet d’effectuer un bilan de compétences et de définir un projet professionnel, avec la création d’un dossier professionnel et la recherche active de stages, puis d’un emploi, ou d’une formation.
Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter le témoignage croisé de deux participantes à la mesure Horizon, ainsi que de leur job coach et de leur formateur de français, qui les accompagnent dans leur suivi. Nous remercions Mesdames Husak et Morska d’avoir accepté de répondre à nos questions, ainsi que leur job coach Olga Babalian et leur formateur de français Juan José Reyes.
Qu’attendez-vous de la mesure Horizon et de votre job coach ?
Mme Liudmyla Husak : L’amélioration de mon niveau de français et la recherche d’emploi sont mes principales attentes vis-à-vis de la mesure. Je participe déjà à des cours de français, je vais bientôt débuter un stage et nous avons rédigé un nouveau CV. Pour la suite, je souhaite comprendre ce qui me manque pour une insertion professionnelle réussie (en plus d’un niveau de français suffisant) et me préparer aux nuances d’un entretien en Suisse.
Mme Tetiana Morska : Comme vous pouvez l’imaginer, le déménagement en Suisse a été plus forcé que planifié et mon attente première vis-à-vis de la mesure est l’apport d’une aide pour m’intégrer sur le marché du travail suisse. Cela passe par une aide à la recherche d’emploi et à la planification de carrière, le soutien au début de ma carrière en Suisse et l’explication du fonctionnement du marché du travail.
Avez-vous un projet professionnel en Suisse ? Est-il similaire à celui que vous exerciez en Ukraine ?
Mme Liudmyla Husak : En Ukraine, j’exerçais le métier d’éducatrice sociale dans un établissement spécialisé avec des enfants de 6 à 15 ans en situation de handicap mental. Malheureusement, je n’ai pas encore le niveau de français nécessaire pour avoir un projet professionnel similaire ici. Je peux déjà commencer par effectuer un stage pour améliorer mon français à l’oral, c’est le début de ma carrière ici et c’est très important pour moi.
Mme Tetiana Morska : Oui, ma job coach et moi-même avons élaboré un plan pour développer ma carrière sur la base de mes études et de mon expérience professionnelle en Ukraine. Nous nous sommes familiarisées avec la réalité du marché du travail et avec les compétences requises pour différents métiers que je peux envisager d’exercer. Nous tentons d’avancer au maximum dans le cadre du développement de ma carrière qui a commencé en Ukraine.
Quels sont les défis que vous rencontrez dans votre insertion professionnelle en Suisse ?
Mme Liudmyla Husak : Mon niveau de français a été et est encore ma plus grande difficulté à ce jour. Le deuxième problème était totalement inattendu pour moi : le rythme de vie en Suisse est complètement différent et beaucoup plus calme qu’en Ukraine. Je suis très contente d’avoir appris à embrasser ce rythme, mais j’espère néanmoins pouvoir améliorer mon français au plus vite. Je tiens à vous remercier pour votre aide dans mon intégration.
Mme Tetiana Morska : En ce moment précis, mes difficultés résident principalement dans le fait de trouver un premier emploi, ou stage, en Suisse, ainsi que dans mon niveau de français. Dans le cadre de la mesure, nous travaillons à l’amélioration de mes compétences et au développement de mes connaissances linguistiques.
Comment abordez-vous le public de la mesure Horizon en comparaison à vos suivis habituels ?
Mme Olga Babalian : Je ne fais pas de différence avec les autres suivis. J’instaure toujours beaucoup de bienveillance, mais peut-être plus de retenue sur les questions liées à la situation familiale. Comme c’est souvent le cas dans un contexte migratoire forcé, nombre de familles ont été séparées et je préfère attendre que les bénéficiaires en parlent, si elles le souhaitent, bien évidemment. La seule différence intervient lorsque nous abordons le fonctionnement des formations et du marché du travail suisse. En effet, mes connaissances du fonctionnement de ces systèmes en Ukraine me permettent peut-être d’en expliquer un peu mieux les différences que lors de mes suivis avec des personnes originaires d’autres pays.
Mr Juan José Reyes : Quel que soit le profil des apprenants, les racines culturelles et linguistiques jouent un rôle important dans la manière d’établir les activités et de créer une stratégie d’apprentissage. J’ai pu remarquer des différences notables dans la manière de donner un cours, surtout en matière de communication et d’interactions. A la base, les apprenants ukrainiens, viennent de cultures habituées à une pédagogie de transmission où l’apprenant n’est pas acteur. J’encourage les apprenants à participer à des activités collectives, ainsi qu’à des discussions en classe, afin de renforcer la cohésion du groupe, tout en évitant les sujets délicats. L’adaptation à une démarche pédagogique différente est très rapide et leur implication est au-dessus de la moyenne.
Quels sont les principaux challenges auxquels vous êtes confrontés dans cet accompagnement ?
Mme Olga Babalian : Les principaux défis proviennent des différences liées à la culture du travail et du rythme de vie entre la Suisse et l’Ukraine. Il est en effet beaucoup plus facile d’obtenir un travail pour lequel nous n’avons pas de diplôme en Ukraine, car le marché de l’emploi y est quelque part plus intégrateur. Pour ce qui est du rythme de vie, tout se passe de manière beaucoup plus lente et mesurée ici, et j’essaie de le faire intégrer très rapidement aux personnes durant les suivis.
Mr Juan José Reyes : Le principal défi est le multi-niveau dans les classes. Je dois veiller à adapter mon action aux différents niveaux et ainsi, avoir un discours accessible à tous. Il nécessite d’un côté une préparation du cours rigoureuse dans le choix des dispositifs (supports, activités) et de l’autre une très grande souplesse et un sens de l’improvisation. Le principal défi est de construire un dispositif de formation correspondant à chaque niveau présent dans la même classe et de maintenir l’unité groupe classe. Mes supports de cours doivent tenir compte du rythme de travail très varié d’un niveau à l’autre, tout en se focalisant sur une progression individuelle.
*le masculin est utilisé afin de faciliter la lecture