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CONNEXION-RESSOURCES

L'insertion au service des entreprises

Zoom sur l’insertion professionnelle d’une personne sourde

Dans le cadre de la mesure Connexion-Ressources standard, Madame Erinë Chekhab, job coach, accompagne Madame Floriane Capaz dans son insertion professionnelle par le biais d’un coaching sur mesure. Madame Capaz étant sourde depuis sa naissance, nous avons saisi l’opportunité de bénéficier de son point de vue du monde professionnel et de ses expériences avec les employeurs. En effet, la mention de sa surdité dans ses dossiers de candidature peut engendrer une crainte concernant la difficulté d’intégration et la capacité de travail. Nous avons donc recueilli son témoignage, ainsi que celui de son employeur actuel et de sa job coach, afin de donner une vision réaliste au-delà des préjugés.

Pourriez-vous nous présenter votre parcours ?

Floriane Capaz : Mon parcours est long. J’ai effectué plusieurs apprentissages, notamment comme cuisinière, peintre en automobile, ou assistante administrative. J’ai aussi suivi une formation en logistique. 

J’ai surmonté de nombreux obstacles avec un long combat pour l’accessibilité et j’ai acquis plusieurs expériences dans les différents métiers, ce qui me permet d’avoir beaucoup de compétences. De plus, j’ai réalisé des missions comme agente de propreté, cheffe de cuisine, aide-comptable et préparatrice de commande. Actuellement, je travaille en tant que surveillante auxiliaire au sein d’une déchetterie. Ça se passe bien, je m’adapte au public et le public s’adapte à moi.

Comment avez-vous perçu vos différentes prises d’emploi vis-à-vis des employeurs et de vos collègues ?

Floriane Capaz :  En général, tout s’est très bien passé, que ce soit avec mes employeurs ou avec mes collègues. Il arrive que certaines personnes ne sachent pas trop comment communiquer avec moi et que je me retrouve un peu seule lors des pauses café ou des repas. C’est vrai que lorsque les personnes parlent en même temps, je ne peux pas suivre les conversations, car c’est difficile de comprendre en lisant sur les lèvres. Je peux uniquement comprendre 30-50% de la conversation. 

Quels moyens mettez-vous en place pour vous adapter au poste de travail ?

Floriane Capaz : Au début, j’apprends à connaître les lieux et je visualise mon poste. Ensuite, je m’adapte avec mes connaissances et mes compétences. Par exemple, avec le domaine de la sécurité, je mémorise l’emplacement ainsi que les tâches à effectuer et je prends des notes.

Est-ce que vous avez des attentes particulières venant de votre prochain employeur ?

Floriane Capaz : J’aimerais que les employeurs ne craignent pas de m’engager, car je peux parler, lire sur les lèvres pour des consignes et, malgré ma surdité, je suis capable de travailler comme les autres. D’ailleurs, il serait bien d’offrir la possibilité de réaliser plusieurs jours de stage / pratique sur place avant de juger les capacités par préjugés.

Enfin, il y a de multiples solutions pour communiquer. Par exemple, grâce aux sms (codé) ; j’ai eu une expérience avec une entreprise et cela s’est bien passé. Il est aussi possible d’écrire dans un e-mail ou sur une feuille, ou de montrer des images, dessins, photos, etc.

Comment avez-vous préparé l’entrée en emploi de Madame Capaz en tant que surveillante de Déchetterie ?

Dominique Mivelaz : Il n’y a pas eu de préparation particulière, car elle travaille toujours en binôme. C’est un endroit où il y a beaucoup de public, de passage de citoyens. Madame est avec le responsable en permanence, car c’est une place de travail toujours occupée en binôme.

Comment se passe le travail en équipe et l’intégration de Madame ?

Dominique Mivelaz : Elle s’est très bien intégrée, indépendamment de sa surdité. Au début ce n’était pas facile par rapport aux citoyens, car ils posent beaucoup de questions lorsqu’ils viennent à la déchetterie. Il y a eu un temps d’adaptation tant pour elle que pour eux. Maintenant les habitués la connaissent, donc cela se passe bien.

Comment interagissez-vous en suivi ?

Erinë Chekhab : Avant notre premier entretien, j’ai appris de mon plein gré à signer quelques mots de politesse pour accueillir Madame dans nos locaux. Elle était la première personne sourde que je coachais et pour moi il était essentiel de faire un pas vers elle. En suivi, nous nous parlons en face à face. Au début, il a fallu que je m’habitue à la manière de parler de Madame Capaz et très rapidement je l’ai comprise. En adaptant ma vitesse d’élocution, j’ai pu me faire comprendre. En effet, Madame peut lire sur les lèvres. Lorsqu’il y a des éléments très précis dont je dois m’assurer la compréhension, j’écris ce que je souhaite exprimer. Et elle fait de même. Lorsqu’il est difficile d’expliquer rapidement par des phrases, les images aident toujours. La réactivité, l’attention et les expressions de Madame aident beaucoup dans notre communication.

Est-ce que les pistes professionnelles ont été choisies en fonction de la limitation ?

Erinë Chekhab :  Non. Après un début de carrière comme secrétaire et aide-comptable, à ce jour elle a pour projet de travailler en logistique ou dans la propreté urbaine. En effet, elle possède une expérience significative dans ces deux secteurs et travaille actuellement comme surveillante de déchèterie deux samedis par mois. En raison du métier choisi, je me suis interrogée sur sa sécurité, bien que Madame ait déjà travaillé en cuisine et qu’elle conduise un véhicule. Finalement, en discutant avec l’un de nos conseillers en placement, je me suis rendu compte que la sécurité au travail n’était pas un problème, dès lors que l’entreprise ait mis en place des lieux sécurisés pour tout type d’employé, que Madame soit informée des précautions à prendre et qu’elle ait pris connaissance des lieux.

J’ai découvert qu’elle est également actrice amatrice de théâtre sourd-muet et qu’elle gère les conflits dans des équipes d’EA-sports dont elle s’occupe de la préparation à des tournois. Ce sont des équipes de joueurs malentendants ou sourds qui communiquent en langue des signes. Par conséquent, cela indique que des compétences communicationnelles font partie de ses qualités, comme toute personne qui est polyglotte.

Comment abordez-vous les employeurs ?

Erinë Chekhab : Madame peut effectuer toutes les postulations en ligne et les demandes par courriel aux employeurs. De mon côté, je contacte les entreprises par téléphone et par e-mail. En général, je commence par une demande usuelle en mettant en avant le parcours, les compétences professionnelles et les qualités de Madame Capaz. J’informe ensuite de la surdité et de ce que cela implique concrètement. J’explique que nous pouvons faire appel à un-e interprète pour la journée d’adaptation ainsi que pour une évaluation de stage, nécessaire quand plus de 2 personnes interagissent entre elles et avec Madame.

 

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